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Le spectacle c’est Monfort, le sport c’est mon faible.

Quel privilège avons-nous eu hier à SKEMA, monsieur Nelson Monfort, lui-même, nous a rendu visite en amphi A. Après Barcelone, Atlanta, Sydney, Athènes, Péquin, Salt Lake City ou encore Nagano, l’homme aux quatre langues – mais oui mesdames, quatre langues, j’ai bien dit quatre – est venu s’échouer à Lille. Lille, ce petit meeting de dixième zone coincé entre la Belgique et la Picardie, repère de vieux sportifs en fin de carrière et d’anciens dopés mal aimés qui ont pris l’habitude d’aller au charbon pour s’octroyer le chèque cadeau de cinquante euros valable chez l’épicier du coin, la bouteille de pinard à un euro et le saucisson à l’ail du pays, triste fin de carrière.

Peu importe, le Nelson, hier, il a reçu un accueil digne d’un élève de la Star Academy ou d’un concurrent de La France a un incroyable talent. L’amphi était plein à craquer et quand le speaker made in SKEMA a annoncé l’arrivée plus qu’imminente de la personnalité préférée des skemiens et skemiennes, on aurait pu s’imaginer être au beau milieu d’un meeting de jeunes UMP qui auraient vu descendre des cieux leur Dieu vivant. Il n’en revenait pas le Nelson, un tel accueil pour un commentateur-amuseur-fan-de-musique classique qui vient parler des dessous du sport, c’était incroyable… Impensable ! A un moment, pris par l’émotion, j’ai même cru qu’il allait nous faire une candelorette ou nous montrer ses organes génitaux, mais non. Ce n’est pas son style, à Nelson. Lui, l’homme de lettre qui milite pour le respect de l’orthographe, ce grand fan de littérature, de poésie et de sculpture n’allait pas rompre avec sa retenue protestante (sic) pour une simple standing ovation. Son truc à lui, c’est plutôt de faire rire. Et à ce niveau là, on peut dire qu’il assure, quel plaisir d’écouter ces anecdotes qu’il nous a racontées avec son incontestable talent et son célèbre accent fémino-artistico-bobo dont il a le secret, Canteloup n’aurait pas fait mieux. C’est dire.

Bien trop occupés à rire comme des baleines aux histoires drôles d’un homme qui avait l’amphi acquis à sa cause avant d’arriver, les futurs jeunes cadres dynamiques de demain en auraient presque oublié le thème de la soirée qui était, rappelons-le tout de même, « Les dessous du sport ».

Nous n’avons pas eu droit à un débat ultra-stimulant sur un sujet qui, malgré un thème assez ordinaire, aurait pu être extraordinaire. Nelson s’est contenté de nous dire tout le bien qu’il pensait de ses amis les sportifs, tous gentils comme des images. A un moment, j’ai bien cru qu’on allait sortir des chantiers battus et des discussions de café du commerce pour rentrer un peu dans un semblant de débat quand quelqu’un a posé une question sur le dopage, mais non. A grands coups de blagues dévastatrices dans un amphi où à force de se tordre de rire chacun pouvait sentir si son voisin mettait du déodorant en période hivernale, Nelson a merveilleusement évité le sujet fatal. Rendez-vous compte, il a même eu l’impertinence enfantine à tendance Druckerienne de dire – en l’occurrence j’espère qu’il ne fait que le dire et pense autrement – qu’il ne pouvait pas s’imaginer que des sportifs aimés et admirés de tous puissent se doper, c’est trop meugnon… Pour Nelson, le sport et les commentateurs sportifs ne doivent pas servir à autre chose que divertir les gens, leur faire passer un bon moment.

Je crois que tout vrai sportif – pas un guignol qui a joué au tennis quand il était au collège ou un pimpim qui croit s’y connaître en sport parce qu’il regarde tous les matchs à la télévision et achète l’équipe tous les matins avant d’aller bosser – se rend bien compte que le problème est ici. Le sport spectacle, qui brasse des milliards et des milliards d’euros, ne fait que pousser des sportifs – qui sont des hommes avant tout -, simples d’esprit ou prêt à tout pour « réussir » à « s’assister médicalement » ! Le Sport c’est avant tout quelque chose qui doit être pratiqué. Le sport spectacle n’a rien à voir avec les valeurs originelles du sport et finalement, les affaires de dopage ne font qu’apporter du piment et de l’audience à cette grande kermesse qui sue de la tristesse.

Une kyrielle de questions ultra-intéressantes auraient pu être abordées hier mais force est de constater que les gens ne voient que ce qu’ils ont envie de voir. Le monde ne veut pas voir les Haïtiens qui crèvent dans la misère et dans l’oubli tous les jours depuis des années mais par contre, quand une catastrophe surmédiatisée survient, tout le monde veut se faire bien voir le plus rapidement possible, « La France sera puissamment aux côtés du peuple haïtiens » qu’il a même dit le président Sarkozy.

Nelson, laisse-moi te dire que hier tu as sans aucun doute fait ce que tu voulais faire, tu ne voulais pas te plonger les mains dans la merde et dans le sang comme l’aurait fait Sartre, tes mains tu veux qu’elles soient bien propres, c’est ton unique et dernière chance de piquer la place de Drucker pour éviter d’avoir à faire la tournée des meetings de dixième zone comme hier !

 Guillaume Deschamps

Live report – Ghinzu à l’Aéronef, 20 novembre 2009.

Vous souvenez-vous de votre journée du vendredi 20 novembre 2009 ? Du temps qu’il faisait ? De ce que vous avez mangé à midi ce jour-là ? Probablement pas, et c’est bien normal. Cette journée semble donc ordinaire comme tant d’autres, alors pourquoi s’en soucier particulièrement ? Et bien tout simplement parce que c’était la dernière date de la tournée de Ghinzu, et qu’en ce soir du 20 novembre 2009, à 20h pour être précise, ces Belges jouaient à l’Aéronef, une salle de concert fort sympathique juste à côté de l’ESC Lille, pardon, de la SKEMA. Vers 19h50, après une bonne plâtrée de pâtes digne d’un soir d’OB, pardon, de ST, je me pointe à l’Aéronef avec deux copains (D’Artagnan, listeux Art’n’Joy qui gagne à être connu, et Annabelle, une Euromed en exil sur Lille le temps d’un weekend). Il y a déjà foule aux portes de la salle, et après quelques minutes d’attente, nous pénétrons dans l’antre des musiciens. La première partie est assurée par un autre groupe belge du nom de Sold Out, groupe qui est en fait un duo (Charlotte et David) utilisant comme seuls instruments des micros et des flopées d’ordinateur. Ils nous offrent donc un son très électro et diablement entraînant, notamment sur ‘I don’t want to have sex with you’, la chanson phare de leur premier album Stop Talking, paru en 2004. A eux deux, ils parviennent sans problème à mettre une ambiance de folie dans la salle, et c’est sur un tonnerre d’applaudissements qu’ils se retirent pour laisser la place aux maîtres. Ghinzu ne se fait pas prier longtemps et débarque sur scène sous les hurlements d’une foule bien remontée. Les cinq musiciens entament sans plus tarder le show avec Mother Allegra, une magnifique chanson qui commence tout tranquillement pour finir dans une explosion de guitare et de batterie, construction musicale typique de Ghinzu. Après cette ouverture qui promet beaucoup, le groupe enchaîne avec trois autres chansons issues de l’album qu’ils viennent défendre ce soir, Mirror Mirror, le troisième opus d’une ascension fulgurante dans le monde de la musique. Vient ensuite leur dernier single en date massivement diffusé sur les ondes, Take it easy, qui remporte bien évidemment l’adhésion du public, constitué à ma grande surprise de nombreux adolescents pré pubères et boutonneux manquant singulièrement de maîtrise de soi (ou alors les quelques spécimens étaient concentrés dans un rayon de 5m autour de moi… dans ce cas faut quand même avouer que c’est pas de bol, parce que ces énergumènes étaient particulièrement insupportables !) Après une chanson de leur premier disque, ils poursuivent le show avec plusieurs morceaux de Blow, leur deuxième album, qui constitua réellement le début de leur carrière. Et là, je manque de faire une attaque, car les premières notes de The Dragster Wave (l’une de mes chansons préférées, toutes catégories et artistes confondus, c’est pour dire !) résonnent dans une salle désormais suspendue aux lèvres sensuelles du chanteur John Stargasm. Cette chanson, déjà incroyable en version studio, est tout simplement sublimée en live, et c’est comme si on posait un pied dans une dimension parallèle où la musique serait aussi essentielle à la vie que ne l’est l’air dans notre triste monde. Mais le temps qui semblait s’être suspendu reprend vite son cours lorsque le groupe entame Do you read me ?, électrisant la foule qui se met à sauter et à chanter comme un seul homme. Puis Ghinzu revisite les Beatles avec Twist and Shout, qui encore une fois fait bondir le public, avant de revenir à leurs propres compositions avec deux chansons de leur dernier opus, et un inédit appelé Chocolate Tube dont je n’ai trouvé de trace nulle part et qui laisse donc présager un quatrième disque bien gourmand ! (on tomberait presque dans le non-sens avec toutes ses émotions…) Mais le groupe salue et se retire déjà, sous les vivats d’une foule en délire, qui trépigne tant et si bien que nos musiciens reviennent de bonne grâce. Après deux chansons bien dynamiques de Mirror Mirror, John Stargasm retire ses lunettes de soleil pour la première fois depuis le début du concert, et il commence à jouer Mine en solo, tout doucement. Les musiciens le rejoignent dans la mélodie un par un, faisant à chaque fois monter d’un cran l’intensité de la chanson, pour l’achever finalement dans un feu d’artifice d’instruments, John hurlant dans son micro à s’en briser les cordes vocales. Le groupe reçoit une ovation interminable et les cinq musiciens en nage se retirent pour la seconde fois en coulisses. Mais le public lillois ne l’entend pas de cette oreille, et voilà nos artistes obligés de revenir sur scène sous peine de voir leur soirée entachée d’un scandale (ou presque). John, dans un état de fatigue assez avancé, remercie les spectateurs pour cet accueil plus que chaleureux, et réclame un whisky pour se remettre d’aplomb. Voyant cela, le premier rang ne se laisse pas démonter et réclame lui aussi à boire, requête à laquelle John s’empresse d’accéder. C’est donc tout naturellement qu’une dizaine de verres de whisky est distribuée aux spectateurs du premier rang… C’est comme ça avec Ghinzu, pas de chichi ! Après cet épisode pour le moins inhabituel dans un concert, John s’installe au piano, et se met à jouer Sweet Love, chanson romantique au possible (surprenant, vu le nom, n’est-ce pas ?) Et là, je ne saurais dire si c’est l’inspiration ou le whisky, mais John réarrange en live la mélodie d’une façon absolument ahurissante, qui laisse le public sans voix… Mais pas pour longtemps, car suit ensuite ‘Til you faint, chanson énergique et passionnelle, qui s’empresse de secouer tout le monde. L’ambiance sur scène ressemble de plus en plus à un joyeux bordel, où tous les musiciens expérimentent de nouveaux arrangements avec d’autres instruments au gré de leurs lubies, mais loin de déboucher sur une cacophonie, ces expériences improvisées donnent une autre dimension aux chansons, notamment Dracula Cowboy, chanson un peu fade en version studio mais qui là prend des allures de tube interplanétaire. Complètement à bout de souffle, les musiciens saluent une troisième fois, nous remercient au moins quinze fois, et se retirent, exténués. Mais ce n’est pas encore la fin ! Le public hurle et applaudit tant et si bien que le groupe revient enfin sur scène. Les artistes nous regardent émerveillés mais vaguement inquiets, se demandant si ce concert finira un jour. John nous explique alors que cette soirée était un peu spéciale pour eux avant même de monter sur scène car c’est la dernière date de leur tournée, mais que grâce à nous et à notre enthousiasme, ce show est devenu complètement exceptionnel. Cette déclaration est accueillie par des hurlements de satisfaction, qui se transforment rapidement en contestation lorsque John ajoute que la chanson qui va suivre sera bel et bien la dernière, et pour de vrai cette fois (ce n’est que la quatrième fois qu’il l’affirme). Les protestations se muent ensuite en cris de joie quand les premières notes de Blow retentissent. Ce morceau est la chanson titre du deuxième album du groupe, et est tout simplement géniale. Comme la plupart des très bonnes chansons de Ghinzu, Blow démarre lentement, monte en puissance progressivement, avant d’exploser dans un festival sonore qui vous fait vibrer jusqu’au fond de vos entrailles. Voilà donc qui a de quoi clôturer ce concert d’une façon des plus correctes qu’il soit. Cependant, Ghinzu, apparemment très satisfait d’avoir rencontré un tel succès ce soir, n’a finalement plus envie de quitter la scène, et cette chanson qui dure quand même 8min 55s en version album, se voit rallongée de bridges et de refrains à n’en plus finir pour le plus grand bonheur de tous les fans ! C’est donc après une chanson de 17min et des poussières que le groupe salue et nous remercie une dernière fois, avant de disparaître dans les coulisses, pour de bon cette fois. La foule tente bien un dernier rappel, mais les lumières se rallument rapidement. Mais il n’y a même pas de déception parmi le public, car comment être insatisfait après un concert comme celui là ? Aussi intense, aussi long, aussi agréable ? Car en plus d’être des artistes de grand talent, les musiciens de Ghinzu sont des gars très sympas, sans complexe et proches de leur public. C’est pourquoi on leur souhaite une très longue et brillante carrière, et on attend avec impatience leur prochain album, et surtout leur retour à Lille ! En attendant, nous n’oublierons plus ce 20 novembre 2009, jour béni où Ghinzu nous livra un spectacle des plus mémorables…

par Cyrielle Le Rouvillois

Et mes fesses c’est du poulet ?

Parfois la vie est cruelle. Je dis ça en pensant à J-Lo, Jennifer Lopez pour les puristes. Il y a quelques années de cela, elle était une chanteuse reconnue et adulée de tous, enfin du Bronx. Et puis, du jour au lendemain, plus l’ombre d’une boucle d’oreille créole! Je sais que vous vous demandez comment un tel déclin a pu se produire. Et bien j’ai ma théorie. Selon moi, Madame s’est un peu trop reposée sur ses lauriers enfin sur son postérieur si je puis dire. Faute d’exercices, son unique gagne-pain a très vite fait grise mine, perdant son lustre d’antan. Un petit déhanché par ci et un « shake your ass » par là n’y ont rien changé, la portoricaine a perdu pied. Même son coach, du nom de Rodolphe, n’a su la remettre sur le droit chemin. Jenny from the block était retournée à la case départ ! Pas étonnant alors de voir des petits nouveaux aux dents longues surgir de nulle part et sauter sur l’occasion pour avoir leur quart d’heure de célébrité. Pour Thierry Henry, il a suffi d’une manucure, et quelle manucure ! Un bon coupe-ongle, un choix judicieux pour les bouts ronds, les carrés font trop vulgaires, une lime aiguisée, des heures de polissage et le tour était joué. Les gens ont grandement apprécié ses efforts, oh ça oui ! Les groupes facebook sur la main de Thithi, la main gauche pour être précis, ont fleuri de partout. Dorénavant, crier « Ton corps Thierry ! » est devenu désuet. « Ta main Thierry ! » fait un malheur, à croire que la majorité des fans est composée de manchots envieux et béats d’admiration. En revanche, il faut reconnaître qu’Henry ne fut pas le pionnier en matière d’esthétique manuelle. Maradona, déjà en son temps, avait élevé la main à un art. Pas une seule tâche blanche signe d’une carence en calcium, pas une peau morte, rien vous dis-je. La main de Dieu. La perfection au masculin. Après il ne suffit pas d’une main pour être prisé des sites communautaires. Ainsi, la main invisible d’Adam Smith, par manque d’exposition sûrement, n’a pas eu le succès escompté. Ceci dit, vous pouvez également faire dans l’originalité. Prenez le coude de mon grand-père par exemple. Au début il en a bavé, enfin pas sur le coude on ne peut toucher son coude avec sa langue. Mais, après maints efforts il l’a transformé en un coude saillant, ossu comme un petit éthiopien, acquérant au passage une renommée locale. Nous, dans le village, nous l’appelions l’halogène, c’est dire… Que de bons souvenirs avec ce coude ! Combien de compétitions de limbo avons-nous fait ! Alalalala, comme on dit chez nous, c’était le bon vieux coude… Pour ceux qui, en revanche, ne désirent pas travailler d’arrache-pied et bien je n’ai qu’une solution. Tournez-vous vers le talon d’Achille.

par Laure Bernadou

Concert de Calogéro, du 16 octobre 2009.

Un vendredi soir comme tant d’autres, je m’apprête à aller en cours tout tranquillement, quand soudain, mon portable sonne. On me propose de venir vendre des protections auditives au Zénith ce soir pour le concert de Calogéro… Hum, Calogéro ? Pas vraiment mon truc en fait, mais mon compte en banque m’ordonne expressément d’accepter ce job. C’est donc clairement pour l’argent et pas du tout pour l’artiste que je prends le chemin du Zénith en ce vendredi soir particulièrement venteux.

Il est 18h, et déjà, une foule de fans attend dehors avec impatience que les portes daignent s’ouvrir. On commence à installer le matériel pour la vente dans le hall d’entrée, et mon oreille est peu à peu attirée par des accords et des mélodies qui sonnent fichtrement bien, et même si ce n’est qu’une guitare sèche, la musique est indéniablement agréable. Je jette un œil dans la salle encore vide, et je vois Calogéro, seul sur scène, les yeux clos, qui peaufine les derniers réglages acoustiques et vérifie la balance. Il a l’air complètement absorbé par ce qu’il fait, presque en transe. Qu’est-ce que ça sera quand le concert aura commencé ?

Je m’arrache à ma contemplation et retourne à mon stand. Les portes s’ouvrent enfin, et les plus fervents spectateurs se précipitent comme des malades. Je n’essaye même pas de les arrêter et de leur faire mon petit speech sur les vertus-protectrices-des-filtres-auditifs-adaptés-à-l’écoute-de-la-musique, les fans se ruent vers la scène, beaucoup de filles sont à la fois surexcitées et en larmes. Mais le plus surprenant, c’est que le public est vraiment très éclectique, il y a autant d’hommes que de femmes à courir comme des dératés, et de tout âge.

On attend 7 000 personnes ce soir, Calo fait salle comble. Une fois les fans hystériques passés, les spectateurs psychologiquement stables commencent à arriver, sans courir, et acceptent (de temps en temps) de me laisser leur faire ma petite pub, mais le résultat est rarement concluant. J’avais plus de succès lors du concert de métal quinze jours auparavant.

On continue la vente pendant toute la première partie du concert, assurée par un jeune artiste prometteur du nom de William Rousseau. Puis vient l’entracte, et nous remballons le matériel. Il est 21h, la foule attend Calo avec impatience. Je monte m’installer dans les gradins avec mes 2 collègues d’un soir. La salle est remplie à craquer, c’est vraiment impressionnant.

Le noir se fait, puis en contre jour, on distingue sa silhouette. La foule se met à hurler, et il entre dans la lumière alors que ses musiciens commencent à jouer Embellie, la chanson titre de l’album qu’il est venu défendre ce soir. Les balances sont parfaites, et le son est vraiment bon. Le public accueille ce premier morceau en agitant des ballons de baudruche jaunes en référence à la pochette de l’album, et Calo enchaîne avec quelques autres chansons de cet album. Entre chaque titre, il s’adresse à ses fans, simplement, naturellement. Le courant passe bien, et l’ambiance n’en est que plus conviviale. Il alterne les chansons rythmées et les ballades avec subtilité, et le public le suit dans tous ses élans, répondant à la moindre de ses sollicitations. Ainsi, ce n’est pas Calogéro qui chante le refrain de Tien an Men, mais 7 000 personnes qui le reprennent en chœur, donnant une dimension et une émotion sans pareilles à la chanson.

Après quelques autres chansons que les fans du dimanche comme moi ne connaissent pas, quelques notes au piano retentissent dans la salle, et je reconnais Si seulement je pouvais lui manquer. La foule devient muette, et la voix s’élève, belle et envoûtante. La mélodie s’intensifie au fur et à mesure, la voix devient plus puissante, plus émotive, et c’est toute la souffrance de ses paroles qui s’engouffre en moi et y trouve un écho, et quelques larmes m’échappent malgré moi.

A ces instants d’émotion succède une chanson très énergique qui nous remet tous dans un état d’euphorie inattendue. Puis, Calo se pose un moment, et nous livre quelques secrets sur lui. Il est fan de disco, et plus jeune, il jouait des chansons disco seul dans son garage. Il décide de renouveler l’expérience avec nous, et le son d’une boîte à rythme des années 70 se fait entendre. Puis une guitare et une basse viennent s’y ajouter, et l’on reconnait Manureva, tube de l’année 1979, écrit par Gainsbourg pour Alain Chamfort. Le titre, devenu franchement rock entre les mains de Calo, remporte l’adhésion de la salle, qui finit debout à danser et à chanter avec l’artiste. A ce moment, l’ambiance devient réellement festive, renforcée par des jeux de lumière qui étaient déjà magnifiques depuis le début du concert, mais qui deviennent là absolument extraordinaires. L’ingénieur lumière de Calo est lui aussi un véritable artiste.

Quelques autres chansons suivent, ponctuées par une anecdote sur l’enfance du chanteur, puis Calogéro réclame la lumière sur la salle. Il explique que le titre qui va suivre s’appelle De l’ombre à la lumière, et qu’il voudrait que ce soit nous dans la lumière et lui dans l’ombre pour une fois. Il nous annonce également que c’est le premier concert de sa tournée, et qu’il nous a réservé une surprise. La version single de ce morceau est chantée en duo par Calogéro et Grand Corps Malade, qui fait à ce moment son entrée sur scène. La foule applaudit chaudement, et les deux artistes, visiblement complices, commencent à chanter alors que les lumières s’intensifient sur la salle, tout en éclairant encore les chanteurs. L’émotion est là encore au rendez-vous, mais de façon moins puissante quand même. Alors que la chanson s’achève et que la foule applaudit avec entrain, les deux hommes se congratulent et Grand Corps Malade nous salue, et quitte la scène.

Puis Calo joue une autre chanson (en changeant d’instrument par rapport à la version album), présente ses musiciens, salue le public et quitte la scène à son tour. Mais les applaudissements nourris et interminables le ramènent rapidement sur scène, où il interprète deux de ses plus grands succès, Aussi libre que moi, et En apesanteur. La foule devient littéralement hystérique, notamment dans la fosse, qui semble sauter sur place comme un seul homme. Calogéro salue une nouvelle fois et se retire, mais ce n’est pas encore la fin. Il revient, et enchaîne Yalla et Face à la mer, ce qui ravit le public. Les gradins sont debout et chantent et dansent avec entrain, l’enthousiasme et la bonne humeur se propagent dans toute la salle. Puis, alors que Calo reprend son souffle, des centaines de papiers apparaissent dans les mains des fans. Dessus est écrite une autre version des paroles de la chanson C’est dit, une version écrite par des fans pour remercier le chanteur, et distribuée à tous les spectateurs à l’entrée du Zénith avant le concert. Alors Calogéro prend sa guitare, et joue la chanson en acoustique, pendant que les fans chantent leur gratitude, faisant naître une émotion lisible sur le visage de l’artiste. Calo remercie ensuite chaudement son public,  lui promet de revenir à Lille le 11 juin prochain, et quitte la scène, de façon définitive cette fois. La salle commence à se vider, avec beaucoup moins de précipitation qu’elle ne s’est remplie. Je suis le flot de la foule quittant le site, et je rentre chez moi la tête encore pleine des chansons et des images de ce soir. Cette soirée fut vraiment une excellente surprise, et après avoir assisté à ce concert, je ne peux que vous recommander d’acheter vos places pour le 11 juin, parce que c’est un spectacle qui vaut le détour. Je n’étais pas vraiment fan avant ce soir là, mais aujourd’hui j’ai très envie d’acheter ses albums, et d’aller le voir une nouvelle fois en concert. Calogéro est un artiste vraiment talentueux.

Par Cyrielle Le Rouvillois

Utopie

Lorsqu’on aborde le thème de l’utopie, on pense souvent  à rêverie, à l’irréalisable mais qui veut faire passer le souhait désirant dans la réalité.

Que penser de tout cela quand on voit proliférer, entre autres, dans les médias des thèmes du quotidien ? Quand on voit Marine et Franck être en rivalité parce que Madame s’habille de manière trop provocante et que Monsieur consacre trop de temps au tunning, ce qui la rend jalouse ? Quand Jean-Pierre Pernault passe tout son journal du 13h à parler de la fabrication de santons, une tradition qui se perpétue dans le Lot-et-Garonne, au travers de l’exemple de Jean-Claude ? Quand la pseudo littérature de Marc Levy, Guillaume Musso, Anna Gavalda décrivent les joies et les peines de Monsieur et Madame Tout-le-Monde ?

Face au merveilleux, la réalité ordinaire pourrait sembler fade,  pourtant c’est sur elle que se basent les désirs d’une existence idéale.  L’effort pour imaginer une cité parfaite comme modèle critique de la pensée politique s’est essoufflé. Platon se retourne dans sa tombe : cet effort est ébranlé par l’intime conviction que les choses empirent et vont vers une inexorable agonie.

Mais les hommes ne vont pas se laisser décourager de sitôt. Même avertis par l’expérience passée, ils refusent de renoncer à croire en leurs désirs les plus forts. C’est ici que renaît une espérance, là où on l’attendait le moins, c’est-à-dire dans la vie quotidienne. La vie actuelle perd de sa crédibilité à cause des paroles du passé,  qui paraissent largement vidées de leur substance.  Mais elle cherche cependant à maintenir une avidité d’absolu par des moyens plausibles et adéquats. La fin des utopies telles qu’on avait l’habitude de les concevoir, ne signifie pas pour autant la fin des visées utopiques. Elles ont changé de peau, et portent désormais le jean-basket de la quotidienneté.

Cette  émergence du quotidien a succédé à une première phase : l’essor incessant des mondes virtuels, sur la galaxie fantastique du web. La connexion électronique ne fait qu’alimenter l’utopie sur le mode de la participation imaginaire. Infinité, j’écris ton nom. A côté, pourtant, la vie de tous les jours semble grise, morne, et sans intérêt. Routinière surtout. Pesante, en fait. Finalement, c’est comme si l’engouement qui s’était exprimé autour des espaces virtuels avait littéralement transféré sa substance vers la vie courante, et l’avait maquillé de manière à la rendre irrésistible.

L’utopie du proche et du commun fait que tout ce qui est quotidien est aussi synonyme de transparent, de connu et donc ne nous leurre pas. A ce titre, il peut prétendre à figurer parmi les tant convoités désirs qualifiés de réalistes. Mais un désir réaliste peut-il exister réellement ? On pourrait pourtant facilement qualifier le désir réaliste d’oxymore. Il s’agit désormais de puiser les potentialités utopiques en cette vie courante. A quoi bon attendre une fin de l’Histoire, faire preuve de messianisme politique comme l’avait fait Marx quand nous pouvons trouver ici bas de quoi ériger des modèles ?

L’émancipation collective a puisé sa source dans la quotidienneté, dans le bricolage, dans le jardinage. La parole de tout un chacun est précieuse, elle est source de vérité, et reçoit l’onction divine du juste et du bien. Elle est l’instrument de l’humanité déçue, qui ne peut à présent compter que sur elle-même.

Mais cette transfiguration de la vie quotidienne fait perdre de vue la visée de la vraie utopie : la valeur critique. Elle ne voit en la vie quotidienne que ce qui est conforme au désir et ce qui peut le réaliser, en aucun cas elle ne va chercher à le contredire. Cette admiration béate de la quotidienneté fait briser la réconciliation de l’idéal et du réel. Du moins à partir du moment où celui-ci apparaît comme parfait et comme indépassable. Si le bonheur consiste à briser la croûte d’une crème brûlée avec le dos de la cuillère, alors pourquoi vouloir changer le monde ?

                                                                                                                                                  Par Nathalie Blain.

Crise économique : Quid de la responsabilité des Grandes Ecoles ?

 

Florence Noiville dans son livre, j’ai fait HEC et je m’en excuse, pose la responsabilité des écoles de commerce dans la crise économique. Cet essai a suscité l’intérêt des médias. Du Figaro magazine à Marianne en passant par France 2 et Canal plus, ce livre a fait l’objet de nombreux traitements. Le titre provocateur, ainsi que sa thèse originale, ne sont pas étrangers à son succès. Elle établit un lien étroit entre la crise économique et l’enseignement reçu par les dirigeants, les cadres. Pour elle, des institutions prestigieuses telles que HEC, Harvard ou plus généralement les écoles de commerce, seraient coupables de ne pas avoir formé des managers responsables. Si ce livre se veut une critique incisive des écoles de commerce et aussi des étudiants qui les composent, il pêche singulièrement par son manque de rigueur. En fait, c’est un ratage complet. Aucune argumentation crédible n’y est développée. On est plus dans une posture, celle de la dénonciation que dans une démonstration argumentée.

 

« La finance et le marketing, les maux d’un capitalisme à la dérive.»

 

 

Aussi pour appuyer sa démonstration, elle évoque la stratégie du « toujours plus »  en matière de profit. Les entreprises ne seraient mues que par un seul principe : celui du more profit, the rest I don’t care. Cette réalité prospère grâce au marketing et la finance. Tous deux, toujours selon Florance Noiville, sont coupables de nous avoir acculés dans la crise en créant des richesses et des besoins artificiels. La finance et le marketing seraient les maux d’un capitalisme à la dérive.

Quid alors de la responsabilité des écoles de commerces dans ces dérives ? La réponse de l’auteur est quelque peu elliptique. L’enseignement en école de commerce s’articulerait uniquement autours de deux principes : augmenter les revenus et/ou diminuer les coûtsOn veut alors répondre à l’auteur : oui, mais encore ?

Visiblement rien de plus, car ensuite elle se lance dans une critique de l’économie mondiale. Elle dénonce tour à tour les inégalités sociales criantes, les désastres écologiques, le chômage de masse. Elle s’égare alors dans des considérations d’une banalité affligeante appuie sa démonstration sur des poncifs éculés et s’éloigne du thème de son livre.

 

« Des étudiants… plus aptes à briller dans l’instant qu’à construire sur le long terme. »

 

 

Heureusement, le propos de son essai se densifie quand elle dresse le profil des personnes étudiant dans ces institutions. Sa critique est violente mais juste. Une analyse qui manque toutefois de profondeur. Dommage. Elle fustige le manque d’humilité des étudiants. Ils vivraient dans une tour d’ivoire, se surestimant et ayant des prétentions financières démesurées. Elle fustige leur apathie, leur manque d’initiative. Elle ironise sur ces personnes responsables de rien. Une fois sortie des écoles, ils se dégagent de toutes responsabilités en affirmant qu’ils ne sont que le rouage d’un système sur lequel ils n’ont pas prise.  Mais si les élites dirigeantes ne peuvent rien faire, qui va faire changer le système ?  Elle condamne ces étudiants mus par une vision « court-termiste ». Ils manquent de grandeur de vue. Les écoles de commerce formeraient des personnes plus aptes à briller dans l’instant qu’à construire sur le long terme. Elle lâche même le mot et qualifie de prétentieux les étudiants issus de ces institutions.

 

« Former pour servir »

 

Florence Noiville lance des pistes pour que le rôle des écoles de commerces ne soit plus réduit au simple former pour servir. Elles doivent introduire un enseignement des humanités. Ce terme est vague et on ne sait pas  bien de quoi il en retourne. On suppose qu’elle souhaite que l’enseignement de l’éthique dans les affaires soit plus important. Elle insiste sur la nécessité d’un enseignement en prise avec le réel. Elle prône le pragmatisme en matière économique. Il n’existe pas un modèle mais des solutions. Les écoles de commerce doivent être le vecteur de ce pragmatisme.  Exit donc le capitalisme et bonjour le pragmatisme.

 

 

Ce livre est une déception. Il déconcerte même par sa faiblesse argumentative. En fait, le mérite de ce livre est de poser les jalons d’un débat qui mérite d’être approfondi. Elle n’apporte pas de réponse mais sa démarche n ‘est pas complètement veine. L’affirmation suivante d’un des intervenants du livre la résume bien: « Ce n’est pas parce qu’on n’a pas la réponse qu’il faut renoncer à se poser la question. »

 

 Par Fékri El Yaacoubi.

 

 

Pseudos Facebook…

Facebook est une sorte de cocon où l’on se réfugie en renvoyant une image contingente, superflue, voire inversée de nous-mêmes. Pourtant, on se complait dans cette image, c’est pourquoi l’on ressent le besoin de proférer à tout va ce que l’on fait, nos états d’âmes, ce que l’on aime, ce que l’on abhorre, le kilo de couilles de bœuf qu’on a acheté à carrefour pour trois euros quatre vingt dix etc etc.

Ainsi , j’ai pu remarqué que les pseudos pouvaient être divisés en catégories. J’ai bien conscience du caractère au combien déterministe et réducteur de ce mot (catégorie ça sonne tout de suite comme cliché), mais il faut quand même avouer qu’il y a une part de vrai. Cela ne vise personne en particulier, je trouve ça simplement marrant, ne vous offensez pas. J’éprouve moi-même une certaine difficulté à trouver un pseudo qui sorte de l’ordinaire de nos vies pleines de vacuité (notez l’extraordinaire oxymore wow).

Et j’assume de passer pour une no-life de première après cet article.

Il y a tout d’abord ce que je nommerais le manque cruel d’imagination (bien sûr, personne n’est parfait). C’est-à-dire que les pseudos se contentent de décrire une vie conforme à la bureaucratie technico-mercantilo-utilitariste qui règne dans notre société capitaliste. Plate, insipide, vide.
« Machin a acheté des cartouches d’encre bleues à Carrefour »
« Machin écoute de la musique sur son nouvel Ipod Nano de la mort qui tue et est trop content(e) »
« Machin fait du repassage après avoir mis de l’adoucissant sur sa chemise »
« Machin a les gencives irritées et ça lui fait super mal »
« Machin est en train de se mettre un suppo »
« Machin est content de son nouveau slip : il peut jouer au ping pong plus facilement maintenant »

Il y a ensuite un phénomène qui reste une des plus grandes énigmes pour moi. Le pseudo que la personne va chercher à changer toutes les dix minutes, mais qui, pourtant, reste le même ou presque. Du pareil au même. Bonnet blanc, blanc bonnet.
« Ducon en a marre de travailler ».
Puis : « Ducon dit : ça me fait chier de travailler »
Puis : « Ducon dit : j’en ai marre de travailler »
Puis : « Ducon est pressé(e) de rentrer chez lui/elle, il (elle) en a marre de travailler »
Enfin (roulements de tambours) : « Ducon est soulé (e) du travail »

Il y a, cette fois, un phénomène que je peux retrouver chez bon nombre de personnes. La tendance à amplifier les choses, que ce soit pour une chose plaisante ou déplaisante.
« Trucmuche est trop trop trop mais vraiment trop triste d’être loin de lui/d’elle !!!!!!!!!!!!!!! 😥 »
«Trucmuche est trooooopppppppppppp pressée de le (la) revoir ❤ ❤ < 3 ❤ ❤ < 3 !!! »
« Trucmuche a trop hâte de le (la) serrer dans ses bras !!!!!!!!!!!! »
« Trucmuche a adoré cette soirée avec vouuus mes beeeeeeeest c’était troooooop bien : on se refait vraiment çaaaaaaaaaaa 😀 😀 😀 😀 😀 »
« Trucmuche a une gueule de bois mais c’est trooooooooooop de la balle, la soirée a déchiréééééééééé sisi trop fraiiiiiiiiiiiis !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! »

Il y a aussi quelque chose qui, ma foi, ne me déplaît pas. Les pseudos énigmatiques, qui recèlent un mystère pour tous ceux qui le lisent. Enfin, ne poussons pas mémé dans les orties non plus, le côté « mystérieux » poussé à l’extrême peut être gênant. Mais le plus important est que la personne en question le comprenne.
« Bidulemachinchouette s’est plongé(e) dans les domaines historico-terrestres de l’Himalaya qui a bouilli à 90 degrés, ce qui lui a fait prendre conscience du caractère jubilatoire des pierres d’argiles élevées sous serre »
« Bidulemachinchouette est amusé (e) par l’invasion ontologique des médaillons incas et pense que la culture du potiron dans les iles Galapagos va lui être préjudiciable »
« Bidulemachinchouette essaie d’écouter le Néant substantialisé des silences de son âme afin de les élever à la métempsycose de l’ineffable de l’être selon les théories immanentes du devenir métaphorisé dans le monde gushu-gwaki»
« Bidulemachinchouette se remémore la couleur pivoine des mélodies enfermées dans le ciel de ta bouche, qui fustigeait de manière logorrhéique la construction européenne avant le tournant du putsch de Romel dans le domaine nord coréen de Fécamp »

Il y a, bien entendu, les pseudos de blasés. Cela arrive à tout le monde, évidemment. Mais il y en a à qui on a envie de dire « La positiiiiiiive attitude ! » Notez souvent les trois petits points qui permettent de conférer un caractère plus « théâtral », plus mystérieux, d’éveiller l’imagination de ceux qui lisent et de faire appel au pathos.
« Bip pense que la vie ça pue la merde…. »
« Bip en a marre de tout…. »
« Bip a passé une journée de merde….. »
« Bip ne sait plus quoi faire….. »
« Bip se fait chier en cours…. »
« Bip n’aurait jamais dû naitre… »
« Bip se demande si quelqu’un l’aime…. »

Il y a, inconditionnels, intemporels, les pseudos je-suis-trop-in-love-de-mes-nounours-et-je-kiffe-les-habiller-de-pulls-bleus ciel-hihihi-ça-ressemble-à-la-prunelle-de-tes-yeux. Vous aurez tous reconnu les pseudos kikoolol , toutes ces belles perches que vous me tendez .
« Peuimporte est devenu aveugle à cause de ton sourire, par sa force d’éblouissement … »
« Peuimporte dit : un jour on m’a demandé de choisir entre toi et ma vie, j’ai choisi ma vie sans savoir que c’était toi ma vie… »
« Peuimporte voudrait être une larme pour naître dans tes yeux, vivre dans tes joues et finir sur tes lèvres »
« Peuimporte a passé un week-end trop bien avec toi mon ange ! » ( pseudo qui, bien sûr, est répété à la fin de chaque week-end)
« Peuimporte pense que tu es comme de la poudre d’étoiles irisées qui parsème du satin chatoyant sur ces feuilles mordorées d’automne »

Bon, je crois que c’est tout ce que je vois. Je compléterai si ma mémoire y met du sien.

                                                                                                                                                      Par Nathalie Blain.

Live report – Placebo au Zénith de Nantes, 01/11/09.

Live report – Placebo au Zénith de Nantes, 01/11/09.

 

Dimanche 1er novembre 2009. Des mois que j’attends ce jour. Des mois que ma place de concert m’attend, cachée dans mon tiroir à secrets. Ce soir, enfin, je vais les voir. PLACEBO. Le meilleur groupe au monde (et leur récente récompense aux MTV Europe Music Awards n’est pas là pour dire le contraire !).

Depuis ce matin je ne cesse de regarder ma montre, comptant les heures qui me séparent encore de ce moment qui promet d’être magique. Le temps s’écoule trop lentement, mais l’heure de partir arrive finalement. Survoltée dans la voiture, j’agace quelque peu mes accompagnateurs, mais leur propre excitation les rend indulgents. On arrive enfin au Zénith, on se gare, et on se précipite vers l’entrée. La salle a déjà commencé à se remplir, mais on trouve sans problème une place dans la fosse, à moins de dix mètres de la scène. L’impatience s’accroît dans le public, mais il faut laisser le temps à tous les spectateurs de s’installer. Placebo fait salle comble ce soir, mais ce n’est pas une surprise vu leur talent. 8000 fans s’entassent dans la salle, les gradins sont remplis, la fosse est déjà agitée.

Puis le noir se fait. On attend la première partie, un groupe australien émigré à Berlin, et qui se nomme Expatriate. Selon les dires de Brian Molko (le leader de Placebo s’il est encore besoin de le présenter), ce combo de 4 musiciens est un groupe de stade, et ne devrait pas tarder à connaître un succès retentissant. De fait, leur show se révèle être de qualité, énergique et entraînant au possible, avec de forts accents à la U2 (c’est pour dire !).

Après une demi-heure de concert environ, ils se retirent en nous indiquant la présence d’un stand dans le hall où l’on peut acheter leur CD, ce qui leur ferait très plaisir parce qu’ils ont besoin d’argent pour acheter des cordes de guitare parce que ça coûte cher, ces trucs-là ! (retranscription texto).

Une speakerine annonce un entracte de 30 minutes avant la montée sur scène de mon groupe fétiche. Mais on n’a pas le temps de s’ennuyer pour autant, Brian a tout prévu. Pour lutter contre le trafic d’humains en Asie (cause chère à leurs yeux), les membres du groupe ont décidé d’organiser un festival de court-métrage, et deux des mini-films en compétition sont projetés sur les écrans géants qui encadrent la scène. Le style est assez particulier, et interpelle sans détour le spectateur.

Les écrans s’éteignent ensuite, et les fans reprennent leur place dans la salle alors que les lumières s’évanouissent. Un silence assourdissant emplit alors le Zénith, et malgré cela, la tension et l’impatience sont plus que palpables. Puis des chœurs se font entendre, et sur le rideau qui masque la scène, un soleil en éclipse apparaît, scintillant. L’effet est très réussi, et les premiers hurlements retentissent. La fosse est remplie de Molkettes surexcitées et à la voix bien affutée, et j’en fais partie, je l’avoue. Les chœurs s’intensifient peu à peu, puis d’un seul coup, le silence et l’obscurité reviennent. A peine quelques secondes où chacun retient son souffle, et un riff explosif de guitare électrique jaillit des enceintes, le rideau tombe, et les acclamations des fans se font plus puissantes que jamais. Le groupe entame le show avec For What It’s Worth, l’un des tubes de leur dernier album Battle For The Sun. La foule en délire s’agite dans tous les sens, et mes voisins de concert doivent encore me maudire pour l’état de leurs pieds et de leurs oreilles ! Puis, Placebo enchaîne Ashtray Heart et Battle For The Sun, qui achèvent de transfigurer les fans. La musique est magnifique, les mélodies sont diablement entraînantes, les rythmes puissants résonnent jusqu’au fond de vos entrailles. Il faut dire que le nouveau batteur Steve Forrest s’en donne à cœur joie derrière ses fûts, sur l’un desquels sont inscrits les mots « A New Tomorrow ». Steve a l’énergie et la fougue débordante de la vingtaine à peine entamée, et cet élan de fraîcheur se répercute sur tout le groupe. Brian est en pleine forme, et nous glisse quelques mots entre les chansons, ce que la diva Molko ne fait pour ainsi dire presque jamais ! Stefan Olsdal à la guitare et parfois à la basse ou au piano semble lui aussi tout à fait à l’aise, souriant et dansant avec entrain.

Mais il n’y a pas que nos trois loulous sur scène. Il y a également Fiona Brice, belle blonde sculpturale, qui joue du violon, du violon électrique, du clavier et qui fait les chœurs. Il y a aussi Bill Lloyd, guitariste et bassiste additionnel de longue date chez Placebo, et Nick Gavrilovic, qui assure depuis peu les chœurs, le clavier et la guitare additionnelle également. A eux six, ils dégagent une énergie incroyable, mais ce qui me frappe le plus, c’est l’impression d’une parfaite harmonie qui se dégage de ce combo. La formation Placebo, telle qu’elle est aujourd’hui, n’a jamais été aussi soudée, et ça se voit et ça s’entend, et c’est juste génial.

Brian change de guitare et poursuit le show avec une de leurs anciennes chansons, la magnifique Soulmates Never Die, tirée de l’album Sleeping With Ghosts. Alors que Brian entame le second couplet du morceau, je le vois faire des signes à son ingénieur son, lui indiquant de changer légèrement la balance, augmentant le son de tel instrument, et atténuant tel autre, le tout sans interruption d’aucune sorte ni la moindre fausse note. Le professionnalisme de l’artiste me sidère et la chanson ainsi retravaillée en ‘very live’ me bouleverse. Mais l’émotion ne s’arrête pas là, puisque Molko and Co entament Speak In Tongues, bientôt reprise en chœur par 8000 fans qui font vibrer le Zénith comme jamais. Puis, après un autre changement d’instrument vient Cops, une émouvante chanson de l’album Meds, suivie de la cultissime Every You Every Me, issue de leur second opus Without You I’m Nothing. Ce choix de setlist ravit les inconditionnels (dont je suis) au plus haut point, qui ne se gênent pas pour le faire savoir à grand renfort de bonds et hurlements en tout genre, au grand dam de leurs voisins.

Retour au calme et à l’émotion (et à une nouvelle guitare) avec le morceau Special Needs, peut-être l’un des plus envoûtants de toute leur discographie. Mais les jambes des fans n’ont que peu de répit, puisque retentit déjà Breathe Underwater, un morceau on ne peut plus énergique, n° 11 de l’album que le groupe défend ce soir.

L’avantage du live, c’est que l’artiste peut explorer de nouvelles façons de jouer une chanson, et s’éloigner de la version studio pour un style un peu plus expérimental. Placebo le sait, et ne s’en prive pas, notamment sur la chanson Because I Want You, originellement très punchy, mais revisitée ce soir d’une façon beaucoup plus posée et mélancolique, ou encore sur Twenty Years, jouée sur un rythme plus rapide, comme lors du live au temple bouddhiste d’AngKor Wat, au Cambodge, en décembre dernier (allez voir les vidéos sur Youtube, ça vaut le détour !).

Suivent ensuite Julien (écrite lors d’un moment de solitude à 4h du mat’ dans la boîte la plus pourrie de France, dixit Molko lui-même) et The Never-Ending Why (chanson de Bouddhiste s’il en est), figurant toutes deux sur leur dernier album Battle For The Sun.

Après que Brian ait changé de guitare (12ème fois déjà), le combo joue Blind, un morceau issu de l’album précédent Meds, avant de revenir à l’actualité avec Devil in The Details, ô combien bouleversante en live…  Brian et sa troupe montrent une fois encore leur immense maîtrise musicale, et c’est un pur bonheur, certes pour les oreilles mais pas seulement : Mister Molko est so sexy… J’avais prévenu, je suis une vraie Molkette !

Mais je suis soudainement arrachée à ma contemplation béate, car les premières notes de Song To Say Goodbye retentissent dans le Zénith ! Horreur, c’est par cette chanson que tous les shows du groupe s’achèvent depuis bientôt 3 ans ! Je regarde ma montre, à peine 1h30 de concert ! Brian ne peut pas me faire ça quand même, j’attends depuis si longtemps !! Mais peine perdu, le groupe achève la chanson, qui reste magnifique au demeurant, et nous salue. Le batteur Steve lance avec joie ses baguettes dans la fosse hystérique, et Stef et Brian nous applaudissent. Puis ils se dirigent vers les coulisses, et là, je vois la diva Molko qui lève le pouce vers son ingé son en signe de satisfaction. Il est de bonne humeur et a apprécié le show, l’espoir renaît en moi, on aura droit à un rappel, peut-être même deux si Dieu Brian le veut !!

Mais en attendant, il faut le mériter, ce rappel ! Alors je me joins aux 8000 spectateurs qui hurlent, sautent, tapent du pied pour faire revenir nos stars. Les gradins sont debout, la fosse n’en peut plus, les Molkettes sont au bord de la crise ! Mais comme le dit si bien Molko, « good things come to those who wait », et c’est ainsi qu’après quelques minutes de tapage et d’impatience, nous les voyons revenir sur scène, l’air encore plus enthousiaste qu’avant, et encore plus complices.

Ils récupèrent tous leurs instruments, et revisitent Bright Lights d’une façon à couper le souffle. Mais le meilleur reste à venir, puisque Molko, (après avoir changé de guitare pour la 52ème fois au moins ce soir), gratte les premières notes de Special K. Aussitôt la foule devient complètement déchaînée et se met à sauter dans tous les sens et à chanter, encouragée par notre diva. La chanson s’achève dans une ambiance survoltée, mais pas le temps de se reposer, car Stef enchaîne avec l’incomparable riff d’intro de The Bitter End, qui achève de transfigurer les fans, si besoin encore était. Et alors que je saute partout et braille avec la foule, une étrange sensation m’envahit, et d’un seul coup, je n’ai plus l’impression d’être à un simple concert, mais bel et bien à une fête géante avec ces 7999 autres fans et ces 6 musiciens. Ça semble très cliché, mais ce sentiment de communion absolue avec ces milliers de gens qui m’envahit à ce moment là dépasse de loin tout ce que j’avais pu éprouver dans mes précédents concerts, c’est comme si tout se mettait en place d’un seul coup, et que la véritable harmonie était enfin révélée. Je crois qu’on a trouvé le secret de la paix mondiale, c’est la musique !

Mais mon délire touche trop vite à sa fin, car le groupe salue à nouveau (et Steve balance encore ses baguettes) et s’éclipse dans les coulisses.

Cependant, l’atmosphère qu’ils ont su créer est trop intense pour se dissoudre aussi rapidement, et c’est une foule en délire qui réclame à cor et à cri le retour de ses chouchous. On hurle, on applaudit, on trépigne tant et si bien que les artistes reviennent sur scène pour la deuxième fois (Brian doit vraiment apprécier sa soirée !).

Et c’est à ce moment là qu’ils réalisent l’exploit du siècle. Je connais la discographie du groupe par cœur, et pourtant, la chanson qu’ils commencent à jouer m’est inconnue. Cet inédit live s’appelle en réalité Trigger Happy, et les paroles sont juste complètement en accord avec mes pensées (« The only place you’re truly free is cosy in your dreams »). Ce morceau a d’autre part une certaine consonance rap qui n’est pas sans rappeler agréablement Spite & Malice, sur l’album Black Market Music. Mais peu d’entre vous savent de quoi je parle, alors pour résumer, je dirais juste qu’après tant d’années à suivre Molko and Co, le fait qu’ils arrivent encore à me surprendre me convainc un peu plus, si jamais c’était encore possible, que j’ai raison d’être fan ! Quoique le mot fan me semble beaucoup trop réducteur pour décrire avec exactitude l’ampleur de ma dévotion envers le sieur Molko et ses comparses.

Mais revenons à nos moutons, car la chanson s’achève et Brian change à nouveau de guitare (décidément !), et j’attends avidement la suite. Mon impatience est vite contentée, puisque le groupe joue Infra-Red, toujours dans cette incroyable ambiance de festivité et de communion. Et alors que le dernier accord de guitare tombe, Brian nous annonce à mon grand désespoir que la chanson qui va suivre sera la dernière du concert, mais je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, car les premiers accords de Taste in Men retentissent, et Stef commence à se déhancher juste en face de moi sous nos hurlements de joie. Il semble s’amuser autant que nous, et entame même une sorte de jeu avec nous, faisant semblant de se laisser tomber sur la foule à chaque riff de guitare, sous le regard hilare de Brian, et pour notre plus grand bonheur. Le morceau monte peu à peu en puissance, et je me rends compte que toute la salle est éclairée, ce qui rajoute encore à cette atmosphère de convivialité et de partage. Brian chante avec une sensualité incroyable, et tout le groupe semble vraiment prendre du plaisir à jouer ce soir. La chanson se termine par une improvisation made by Brian et Stef à l’aide de tout un tas d’appareils électroniques dont je ne saurais guère vous donner les noms, mais ce qui m’intrigue le plus, c’est l’instrument dont joue Fiona (la violoniste blonde et sculpturale, pour ceux qui n’auraient pas suivi). On dirait un hybride de harpe et de clavier, dont on joue juste en bougeant la main au-dessus, sans rien toucher. Le son qui en sort est assez métallique, et résonne à la manière d’un instrument à cordes. Grâce à cet objet insolite, elle accompagne d’une façon irréprochable ses compagnons, qui mènent l’improvisation jusqu’à son paroxysme, avant de conclure sur un dernier accord tandis que Steve sonne le glas du morceau à grand renfort de cymbales et de grosse caisse.

Puis, tous les musiciens s’approchent du bord de la scène, et saluent, présentés chacun leur tour par Brian, lui-même présenté par Stef, bien que cela me semblait plus qu’inutile au vu de la popularité de ce dieu incarné sur terre pour notre plus grand plaisir (mais je ne suis peut-être pas tout à fait objective…) Les artistes nous applaudissent encore une fois, Steve nous envoie à nouveau ses baguettes, ils nous remercient, et quittent définitivement la scène. Les quelques lueurs d’espoir qui perduraient en moi sont vite soufflées lorsque les lumières se rallument complètement dans la salle, et que les haut-parleurs recommencent à diffuser une musique qui me paraît ô combien insipide après cet incroyable concert.

Je retrouve mes accompagnateurs, restés quelques mètres derrière, à l’abri de mon hystérie, et nous quittons la salle. Mais j’aperçois dans le hall un stand qui vend des goodies à l’effigie du groupe. Alors je ne peux résister, et m’achète un poster en souvenir de cette soirée mémorable. Nous rejoignons ensuite la voiture, et j’exige que l’on éteigne l’autoradio sur le chemin du retour, tant je veux conserver les derniers échos qui résonnent encore dans mes oreilles.

Une heure plus tard, me voilà dans mon lit, et je me repasse en boucle dans ma tête le film de la soirée. Un sourire léger sur les lèvres, je m’endors en pensant que, décidemment, la vie est belle.

 

« We come in peace » – Brian Molko

par Cyrielle Le Rouvillois

L’identité nationale

L’identité nationale est au débat ce que Barack Obama est à la politique. J’entends par là une notion accessible à tous, un sujet qui ne nécessite que très peu de connaissances pour s’exprimer et, ipso facto, un sujet grâce auquel chacun prend un malin – ou pas – plaisir à exposer son point de vue, aussi creux soit-il.
Eu égard à la sur-médiatisation de ce pseudo-débat sur l’identité nationale, on pourrait d’ailleurs être amener à penser – enfin en l’occurrence il faut s’amener tout seul – que la mode du storytelling est surannée, ce stratagème semble en effet en être réduit à un rôle secondaire dans l’arsenal déjà obsolète de tout communicant politique qui se respecte, l’ultime cartouche à sortir de sa giberne en cas de catastrophe politico-médiatique surnaturelle. Désormais, nul besoin de se forcer à raconter une belle histoire aux Français, il suffit de leur balancer un sujet bateau – à voile de préférence afin qu’ils soient occupés plus longtemps – pour qu’ils se construisent eux-mêmes une histoire en faisant du phénoménal avec du trivial, se crêpent le chignon et oublient un instant la pauvreté de leur misérable condition. On ne peut que déplorer le fait que maintes personnes soient aveuglées par ce qu’elles verraient si elles arrivaient à faire la distinction entre l’écume des difficultés et la racine des problèmes.
Le lancement du sujet n’est bien évidemment pas le fruit du hasard, alors que les incartades égotiques de ministres confondant carrière et politique font rage, alors que les sujets à risques divisent chaque jour un peu plus la majorité et alors qu’un éventuel futur condamné particuleux – là je fais une Rimbaud, j’invente un mot – crée son club de soutien politique privé, rien de mieux que de ressortir un gros et long serpent de mer tel un bon vieux “débat“ sur l’identité de la nation. Tout cela dans le but, bien évidemment, de reconquérir un électorat plutôt farouche tout en regagnant au passage quelques points d’opinion favorable après une bonne douche froide à 245 572 euros. Quand on voit la rapidité avec laquelle – on a démonté la douche de notre cher président sitôt le sommet terminé… – l’ensemble des médias s’est crédulement – et avidement surtout – empressé de relayer ce semblant de débat on ne prend pas de risques démesurés en pariant sur la réalisation – oui dans ce cas on peut parler d’une réalisation – d’un univers médiatique berlusconien dans les années à venir.

En outre, il y a quelque chose de réellement malsain et d’infect dans la tournure que le gouvernement cherche à faire prendre à ce débat. Personnellement, quand on me demande comment je définirais l’identité nationale – je me fais des films on ne m’a jamais demandé, les jeunes s’en foutent, même bourrés entre deux mélanges crasseux d’alcools forts ils n’en parleraient pas – je pense aux éléments qui fondent l’identité même de notre nation, ces éléments qui participent au rayonnement de notre pays partout dans le monde et ce malgré des critiques souvent bien plus maladives que constructives. Ces éléments sont tout simplement notre système de sécurité sociale, nos services publics, nos hôpitaux, notre patrimoine culturel, notre liberté d’expression, nos recettes de cuisine, notre camembert, notre Roquefort, notre baguette tradition, notre si belle langue, nos différences…

 

Toutes ces choses sont les fondations même de l’identité de la France et des Français ! Dès lors, comment ne pas être outrageusement désespéré – les euphémismes ce n’est pas mon truc – lorsque l’on voit que le gouvernement ne se sert de cette notion d’identité nationale que pour faire ressurgir un sempiternel débat sur les problèmes liés à l’immigration ?

Une fois de plus on pointe volontairement du doigt ce choc de cultures et de valeurs qui divise encore trop souvent la France car on sait pertinemment que chaque nouveau débat à ce sujet sert les intérêts de la droite. Historiquement – et malheureusement – cette dernière est la seule à s’être incompréhensiblement – mais habilement – approprié la défense de la culture et des traditions françaises. Peu importe si l’unique résultat est de renforcer un peu plus les animosités entre la France black-blanc-beur – ce fût une réalité à l’époque où nous étions champions du monde, aujourd’hui c’est devenu une demi-utopie -, l’essentiel étant de perdurer politiquement parlant pour pouvoir continuer à être absent à l’Assemblée Nationale. C’est précisément pour cela que ce débat est violent, celui-ci fait en effet systématiquement ressortir les sentiments les moins humanistes et les plus cruels de chacun d’entre nous, parfois malgré nous…

 

A partir de là, tout le bénéfice est pour le grand – mais petit en même temps, il est formidable cet homme il fait tout en même temps – chef puisque, grâce à la médiatisation de ce débat, les puissantes rhétoriques de droite – en vantant leur éternel et preux combat pour la perduration des valeurs françaises, la nécessaire fierté en la nation et l’importance de la culture nationale – sortiront de l’ornière un gouvernement en perte de vitesse et des ministres qui s’inquiètent de leur éventuelle perte de richesse. En faisant peur à tous ces patriotes qui pensent ne plus se reconnaître dans leur pays – sans chercher pour autant à réfléchir sur ce qui fait vraiment la grandeur et l’identité d’une nation – on sert l’intérêt d’une famille politique sans se soucier de l’intérêt d’une société, de l’intérêt d’un pays tout entier. La gauche de son côté, fidèle à ses viles habitudes, restera recroquevillée sur des idées vieilles comme le monde et prônera l’apaisement sans prendre de vraies positions – de toute façon sans idées c’est toujours difficile de se positionner -, décourageant un peu plus encore ses fidèles mais pas éternels électeurs. Comment continuer à soutenir des gens qui se disent contre la prévatisation de La Poste mais qui votent en faveur du traité de Lisbonne…

 

Et puis c’est quelque chose que je n’ai jamais compris, pourquoi le contrôle de l’immigration devrait-il être exclusivement une politique de droite ? Pourquoi les socialistes tentent-ils toujours de défendre une vaine utopie qui en plus d’être une utopie n’est bénéfique pour personne ? Ne peut-on pas être socialiste et savoir dire non quand il faut ? Il me semble que si.

Comme vous pouvez le constater je me fais également piéger par le caractère captieux du débat qui, très souvent, a pour unique corollaire l’incitation des gens à défendre des positions extrêmes auxquelles ils n’auraient peut-être même pas pensé si on ne les y avaient pas incités.

Dans le fond, ce débat sur l’identité nationale n’est guère plus qu’un dahu truculent sur le cul duquel a été collée une incitation de vote.

Guillaume Deschamps.

Calvin Harris: « Ready for the weekend »

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Son propre, bonnes mélodies, le dernier album de Calvin Harris se défend de prime abord plutôt bien. Après avoir sorti « I Created Disco » en 2007, un album qui avait fait du bruit avec des titres comme Acceptable In The 80’s, Disco Heat ou I Created Disco, Calvin Harris remet ça en nous offrant un disque aux accents années 90’. Même si l’ensemble parait parfois un peu uniforme au niveau des rythmes ou du son, l’écossais produit par Columbia (chez Sony Music), nous montre sa maitrise du sujet et les 14 titres s’enchainent facilement. J’ai essayé de rentrer en contact avec le jeune homme pour lui demander quel style il attribue à son album, et il m’a répondu ne vouloir produire que «de la dance music classique dans un environnement moderne… J’essaie de faire quelque chose que l’on a soit pas entendu depuis longtemps, soit tout simplement jamais entendu. Avec un peu de chance, ça sera la deuxième catégorie ». Merci Mister Harris.

En bref, rien de révolutionnaire, cet album ne restera pas dans les annales mais il est plutôt sympa. Avec une mention spéciale pour « Rain », « Stars come Out », « I’m Not Alone », premier single de l’album bien accueilli par nos amis les anglais et accompagné d’un clip assez spécial (http://www.youtube.com/watch?v=clY2RAgXpM0&feature=fvst), ou même « Yeah Yeah Yeah La La La ».

Charles Thiolon, So’Nord.


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