Archive pour mars 2010

Dans ces coeurs qui s’écoeurent!

Il y a quelque chose de profondément écœurant dans ce bout de terre éphémère qui nous sert de repère, à nous. Et puis, ce quelque chose, en fait, c’est nous. Nous qui ne sommes d’ailleurs guère plus que l’évolution mal évoluée d’anthropoïdes salement anthropomorphes. Inutile d’essayer de se cacher grossièrement derrière un système alibiesque qui ferait de nous – à notre insu – les infâmes raclures mal raclées que nous sommes. Nous sommes, et nous seront toujours, les seuls et uniques responsables de notre déchéance systémique et académique. Nous sommes les créateurs, les exploitants et finalement les exploités de cette vaste et vile tromperie qu’est notre société. Une société volontairement désorganisée où l’on veut faire passer ces putains d’inégalités pour le résultat final d’un long et juste processus de sélection méritocratique. En d’autres termes, une idée aussi incontestable qu’irréalisable et donc, une idée incontestée et irréalisée.

Ouvrons les yeux et cessons de nous contenter lâchement de serrer les dents pour que ça passe, cette exécrable mascarade nous déferle magistralement sous le nez comme un mascaret endimanché, sans s’arrêter, sans s’affaisser et sans être inquiétée. Ce matin encore, à Lille, en plein de mois de février ! alors que l’hiver nous rend répugnants, boutonneux, livides et repoussants, le gros bout de graisse costumé expert ès ressources humaines qui fait garderie en ce moment nous fait l’affront de nous montrer crânement son bronzage dégueulasse ! Ce marqueur de classe ostensible n’est qu’un affront de plus, il resouligne cette volonté perpétuelle déjà soulignée et resoulignée d’affirmer sa supériorité légitime, cette envie de marcher sur la sale gueule des autres pour pouvoir gueuler et affirmer être le plus fort en toute légitimité. A chaque instant, un abruti abrutissant et puant veut te montrer que tu n’es qu’une merde ingérable dans ce monde, que ta vanité n’a d’égale que ta stupidité et que sa supériorité t’obligerait presque à lui lécher la bouse qu’il a sous sa godasse.

Nous sommes faux, entièrement faux, bouffés par le diktat des apparences, aveuglés par cette dégénérescence et prisonniers volontaires d’une décadence qui ne connaît pas l’obsolescence. Nous ne sommes plus que des kilos inertes de bidoche avariée ne pouvant plus avoir l’impression de vivre qu’à travers des dollars, des supercheries et du sexe. Si nous ne sommes passionnés que par les parties de baise des rocks stars où les gamelles d’un petit con (sic) sur de la glace, c’est bien parce que l’on a peur de voir notre propre gueule dans cette glace. On préfère assumer et vomir la tristesse des autres – et du monde en général – plutôt que d’avoir à regarder en face l’inanité de notre propre – et pourtant piteuse – existence. On préfère même, à grands coups de soirées cache-misère, vomir tous les weekends et se transformer en déchet humain ambulant pour penser à ne pas penser à notre vie malheureusement dépourvue de toute passion et de toute destination. Enfin, pour pallier une volonté de suicide non assumée et pourtant bien justifiée, on passe ce qui est assimilé à une vie sur un site dont le but n’est autre que de se faire des couilles en or en mettant en relation toutes ces vies de merde dans ce monde de merde. On cultive la merde virtuelle pour ne pas penser à la merde réelle, toute cette merde m’emmerde !

Anonyme.

Pauvres de nous

J’en ai marre d’être riche. Marre de ne jamais me reconnaître dans les reportages sur Haïti, marre d’allumer mes cigares avec des billets de 500 francs et, mais ça c’est un autre problème, marre de ne pas comprendre que l’on est passé à l’euro. Ras-le-bol ! J’ai donc décidé de passer une soirée misérable afin de voir ce que c’est que d’être une pauvre parmi les pauvres.

18h30 : J’ai quelques emplettes à faire. Je me dirige lentement, pour ne pas dire à reculons, vers Carrefour. Le temps c’est de l’argent, or je ne suis pas là pour en gagner. J’apprends en entrant que le positif est de retour. C’est une bonne chose, pauvre et neurasthénique je n’aurais pas pu.

18h31 : Je me souviens avoir lu quelque part que les pauvres ont plus de chance d’être touchés par l’obésité que les fortunés. N’ayant toujours pas dépassé la barre fatidique des 50 kilos je décide de prendre le taureau par les cornes. J’avance calme et déterminée vers les lardons discount, ceux qui ont trois fois plus de gras que de maigre et qui me font dire que dans le cochon tout est bon, à condition de ne pas être regardant. Je prends trois paquets. Je souhaite réellement m’intégrer dans ma nouvelle classe sociale. Je me sens déjà toute ragaillardie. C’est donc bien vrai, le gras c’est la vie.

18h33 : Des packs de lait Lactel me font de l’œil. Mais, je ne suis pas une fille facile et encore moins nantie dorénavant. La digestion facile est un luxe que je me dois d’oublier.

18h45 : Je passe en caisse. Je fais grise mine, je pense que c’est ce que les défavorisés auraient voulu. Mon paiement fini, je m’efforce tant bien que mal de porter à bout de bras mes provisions. Bien-sûr un sac réutilisable Carrefour aurait été d’une utilité sans pareille mais on ne dit jamais non à une petite économie.

20h50 : De retour chez moi, après un saut à l’hôpital pour une hernie discale, mon premier réflexe est de ne pas allumer le chauffage. Il ne s’agirait pas de s’habituer aux bonnes choses.

20h52 : Je range mes courses. Je vois des 1 rouges partout. Je me sens l’âme d’une championne. L’effet premier prix a du bon.

20h54 : Je me sers un verre d’eau, du robinet, ce qui me fait penser que la Cristaline, contrairement à l’argent, ça coule de source.

21h30 : Je finis mon verre d’eau. Pour ma défense, il était rempli à ras bord et j’ai de grandes difficultés à boire sans m’étouffer.

21h 36 : Je me décide enfin à allumer la lumière. Une folie qui me coûtera un col-roulé Emmaüs. Consciente du manque à gagner, j’enlève une ampoule. Tout n’est pas perdu.

21h40 : Faute de buffet Pourparlers et autres PCFAT nocturnes, je décide de me faire à manger. Bien-sûr je pourrais aller à la soupe populaire mais entre l’indigence et l’aumône, il y a un fossé que je ne me résous pas encore à franchir.  C’est ça quand on a des petites jambes… J’ai ouï dire que la pizza est le plat du pauvre mais n’ayant pas de pizza, et encore moins de pizzaïolos sous la main, j’opte pour des pommes de terre et un peu de pain. Les féculents ça a toujours nourri son homme pour pas cher et puis comme dirait l’autre, à la guerre comme à la guerre.

22h 01 : Je n’ai pas la peau du ventre bien tendue.

22h15 : Je me prépare à aller dormir et songe avec délice que ma soirée de sans-le-sou s’achève ici. En revanche, ma vie de radine ne fait que commencer.

Par Laure Bernadou

2010, quoi de neuf docteur ?

2010, année du changement, c’est un nouveau départ, on a pris plein de bonnes résolutions qu’on n’a pas l’intention d’honorer… Le monde se berce d’une douce illusion à chaque début d’année, mais qu’en est-il deux mois après ? Le débat sur l’identité nationale est à peine éteint que les campagnes pour les élections régionales amènent leur flot de scandales et de polémiques. Martine Aubry se déchaîne sur TF1 tandis que Gérard Longuet prône un retour du ‘corps français traditionnel’ à la tête des institutions de lutte contre les discriminations. Mais ces élections seront peut-être faussées, si comme on le craint, les résultats se retrouvent sur Twitter avant 20h. Le revers de la médaille appliqué aux technologies d’information et de communication. De toute façon, le taux d’abstention sera encore une fois révoltant. Avez-vous pensé à voter par procuration si vous n’êtes pas à proximité de votre bureau de vote ? Il suffisait d’aller au commissariat, ça aurait pu vous servir d’excuse pour rater un cours. C’est que les amphis sont devenus dangereux ces temps-ci. L’intrusion de plusieurs jeunes cagoulés et armés dans un amphi à Paris a relancé le sempiternel débat ‘vidéosurveillance ou personnel éducatif’. Et tandis que EADS et toute l’Europe râlent après le Pentagone à propos d’un soi-disant protectionnisme américain (quel scoop), Israël annonce un imposant projet de construction de logement à Jérusalem Est. Et après on se demande pourquoi les Palestiniens crient à la colonisation et se montrent si peu coopératifs dans un processus de paix des plus bancales. (Et non, on ne dit pas ‘bancaux’) Mais cela n’intéresse pas forcément nos amis grecs, qui préfèrent, et à juste titre, se préoccuper de ce qui se passe d’abord chez eux plutôt que d’aller surveiller le voisin. Et en même temps, ils sont tellement occupés à faire la grève qu’ils n’en auraient sûrement pas le temps. (Ils doivent quand même s’être imprégnés de la culture française pour paralyser leur pays ainsi…) Côté environnement, l’échec du sommet de Copenhague n’a pas encouragé un bouleversement des comportements en matière d’écologie, et la nature semble bien décidée à se venger à en juger par les catastrophes naturelles en série qui ponctuent déjà ce début d’année : séisme en Haïti, au Chili, en Turquie, glissements de terrain en Italie, tempête et inondations en Vendée, chutes de neige dans le sud de la France…

2010 ne commence donc pas forcément sous les meilleurs auspices. Mais n’y a-t-il quand même pas quelques éléments positifs dans tout ça ? Certes, Lyon a éliminé le Real, mais encore ? Oui, il fait presque beau, mais on a encore des températures dignes d’une fin décembre. A croire que même le printemps trouve 2010 trop sombre pour y pointer le bout de son nez… Diantre, j’en suis réduite à vous parler météo… Mais bordel il y a quand même bien quelque chose d’un peu plus marquant dans l’actualité de ces deux derniers mois !!

AH, j’ai trouvé ! (« Eurêka » ferait un peu trop pompeux, non ?) Certes, cet événement n’a rien à voir avec l’environnement ou un quelconque sujet un tant soit peu global, mais il a quand même eu un très fort impact sur nous, pauvres Skemaïens/Skeman/Skemistes/Skemologues/autres-stupidités-du-genre (enfin j’en connais quand même un ou deux qui n’en avaient pas grand-chose à faire)… Je veux évidemment parler des journées de campagne. Ces deux jours furent un festival de bonnes idées, d’animations originales, de décors surréalistes, de nourriture délicieuse, de débats cocasses, de vidéos recherchées… Evidemment, ça ne s’est pas achevé de la même façon pour tout le monde, et l’annonce des résultats fut un moment empreint d’une intensité émotionnelle assez incroyable. Et c’est ça le plus important. A force de regarder des journaux télévisés où l’ennui le dispute au blasant, on en oublierait presque qu’on peut encore se lever et avoir la force de se battre pour des causes qui nous sont chères. Et c’est pourquoi, en dépit du pessimisme que revendique Mr Ilan Philips quant à notre avenir, on pourra faire de ce monde un monde meilleur ! (« You live in Disneyland… ») Bref, sans tomber sans des élans lyriques un tantinet exagérés, on conclura en remarquant que si 2010 n’a pas super bien commencé, cette année est loin d’être finie, alors ne désespérons pas. Après tout, quand on est au fond, on ne peut que remonter ! Quoique certains préfèrent creuser…

Par Cyrielle Le Rouvillois

Miike Snow

C’est ma dernière grande découverte. Cet album est vraiment génial! Surfant sur la vague électro/pop actuelle, ce trio américano-suédois s’est rencontré en 2007 puis a démarré en remixant certains artistes connus tels Vampire Weekend ou Passion Pit. C’est en mai 2009 qu’ils ont sorti leur album éponyme. Il a connu un réel succès, et comme on peut le voir sur le myspace, le groupe se produit presque tout les jours en ce moment.

Je n’exagère même pas lorsque je dis que tout l’album est génial (enfin presque pas). Il arrive parfois que certains disques proposent 2 ou 3 bons titres

le trio américano-suédois

puis que le reste soit moins bon. Ce n’est pas le cas ici ! A part « plastic Jungle », ou peut être « Black & Blue » qui ne m’ont pas vraiment fait d’effet (et encore…), les autres ont toutes un air qui leur donne une identité particulière. Certes, l’ensemble est assez homogène, il n’y a pas de révolution musicale ici mais qui a dit qu’il en fallait pour qu’un album soit bon?

Une de mes préférées est « Animal », c’est celle que j’ai découverte en premier. C’est vraiment un tube. « Silvia », « Song For No One » sont excellentes aussi ; les effets, la mélodie, la profondeur de leur musique me plait. Les voix font parfois un peu penser à MGMT, ou même Empire Of The Sun. Bon, évidemment comparer avec d’autres artistes est toujours délicat, mais là leur son ou même leurs voix m’y font vraiment penser.

N’hésitez plus, écoutez le !

Sur Spotify : Miike Snow – Miike Snow

Sur Deezer : Miike Snow

Articles un peu plus complets sur l’album :

Les Inrocks :

http://www.lesinrocks.com/musique/musique-article/t/1260465780/article/miike-snow/

Fluctuat.net :

http://musique.fluctuat.net/blog/40233-miike-snow-animal-a-trois-tetes.html

Myspace :

http://www.myspace.com/miikesnow

Charles Thiolon


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