Clerc-voyant


Je sais qu’il ne paie pas de mine comme ça mais Julien Clerc est un petit malin. Il a compris que dans la vie il ne fallait pas chercher très loin. Prenez son tube La Californie. J’ai compté le nombre de fois où revient le mot Californie, c’est mon côté Rain Man, les cure-dents en moins. 28 fois. A ce niveau là ça frise le comique de répétition et pourtant…Tout le monde aime cette chanson. Julie Depardieu dans Podium en est un exemple criant. Podium qui, soit dit en passant, est incontestablement un film sur le génie de Julien. Il lui a suffit d’un Etat. Son côté sédentaire, à n’en pas douter. Certes, ça ne fait pas de Julien un parolier reconnu ou même un parolier tout court mais au moins les gens et lui, par la même occasion, retiennent les paroles. Et puis, qu’on se le dise, on n’a jamais trouvé mieux que Californie pour rimer avec Californie. Julien Clerc ne se casse pas la tête, c’est le moins qu’on puisse dire. Ces albums s’intitulent sobrement Julien Clerc, Julien et Clerc Julien. L’avantage c’est qu’au moins il ne perd personne en route. « C’est un feignant, c’est tout ce que c’est! » diront certains, « Quel narcissique ! » clameront les autres.  Ce à quoi je répondrais « C’est toi le narcissique ! ». Je ne me suis jamais targuée d’avoir de la répartie.

Ainsi donc, j’ai pensé que si ce mélange de simplicité et de radotage marchait en musique pourquoi ne fonctionnerait-il pas en littérature ? Attention, je ne parle pas d’écrire un livre avec un seul mot. Je laisse ça à George Perec et sa répétition. Non, je me suis dit que je pouvais m’inspirer de ce qui avait été fait et recycler le tout à ma sauce. Faire du neuf avec du vieux comme vous dites chez vous.

J’ai d’abord songé à écrire un article intitulé « L’inconnu ». Ca racontait l’histoire d’un homme, Roch Voisine, seul sur le sable, qui attrape une insolation. J’avais même la première phrase  « Aujourd’hui papa est mort ». Et bien devinez quoi ? Simon-Pierre m’a fait savoir que c’était tout bonnement du plagiat et que je cite « Tu rabâches ma pauvre Laure ». Ce à quoi j’ai répliqué « C’est ta grand-mère qui rabâche ». Aucun progrès niveau réponses cinglantes, je vous l’accorde. Attendez, ce n’est pas parce que le héros de Camus a perdu sa mère que les gens n’ont pas droit à leurs propres drames familiaux. Et puis après tout, rien ne se perd tout se transforme, bien vrai ? A Controvesc, il faut croire que non car l’on m’a également refusé « Du côté de chez vous » et son incipit plus que prometteur « Longtemps je me suis couché tard ». Je suis désolée mais ce dernier ne parlait en aucun cas de madeleines et autres bêtises de Combray. Mon axe était plutôt celui de l’aménagement de la maison et de la décoration intérieure, ce qui, vous le reconnaitrez, est à mille lieues de la pâtisserie.

 Enfin bon, je ne suis pas du genre à m’entêter. Depuis ces deux affronts, j’ai compris la leçon. La création doit se faire à partir de rien. Actuellement donc, je travaille sur un roman. Ce n’est pour l’instant qu’une ébauche mais j’ai déjà le début : « Au commencement Dieu créa le ciel et Julien Clerc. »

                                                                                                                                           Par Laure Bernadou

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