Dans ces coeurs qui s’écoeurent!


Il y a quelque chose de profondément écœurant dans ce bout de terre éphémère qui nous sert de repère, à nous. Et puis, ce quelque chose, en fait, c’est nous. Nous qui ne sommes d’ailleurs guère plus que l’évolution mal évoluée d’anthropoïdes salement anthropomorphes. Inutile d’essayer de se cacher grossièrement derrière un système alibiesque qui ferait de nous – à notre insu – les infâmes raclures mal raclées que nous sommes. Nous sommes, et nous seront toujours, les seuls et uniques responsables de notre déchéance systémique et académique. Nous sommes les créateurs, les exploitants et finalement les exploités de cette vaste et vile tromperie qu’est notre société. Une société volontairement désorganisée où l’on veut faire passer ces putains d’inégalités pour le résultat final d’un long et juste processus de sélection méritocratique. En d’autres termes, une idée aussi incontestable qu’irréalisable et donc, une idée incontestée et irréalisée.

Ouvrons les yeux et cessons de nous contenter lâchement de serrer les dents pour que ça passe, cette exécrable mascarade nous déferle magistralement sous le nez comme un mascaret endimanché, sans s’arrêter, sans s’affaisser et sans être inquiétée. Ce matin encore, à Lille, en plein de mois de février ! alors que l’hiver nous rend répugnants, boutonneux, livides et repoussants, le gros bout de graisse costumé expert ès ressources humaines qui fait garderie en ce moment nous fait l’affront de nous montrer crânement son bronzage dégueulasse ! Ce marqueur de classe ostensible n’est qu’un affront de plus, il resouligne cette volonté perpétuelle déjà soulignée et resoulignée d’affirmer sa supériorité légitime, cette envie de marcher sur la sale gueule des autres pour pouvoir gueuler et affirmer être le plus fort en toute légitimité. A chaque instant, un abruti abrutissant et puant veut te montrer que tu n’es qu’une merde ingérable dans ce monde, que ta vanité n’a d’égale que ta stupidité et que sa supériorité t’obligerait presque à lui lécher la bouse qu’il a sous sa godasse.

Nous sommes faux, entièrement faux, bouffés par le diktat des apparences, aveuglés par cette dégénérescence et prisonniers volontaires d’une décadence qui ne connaît pas l’obsolescence. Nous ne sommes plus que des kilos inertes de bidoche avariée ne pouvant plus avoir l’impression de vivre qu’à travers des dollars, des supercheries et du sexe. Si nous ne sommes passionnés que par les parties de baise des rocks stars où les gamelles d’un petit con (sic) sur de la glace, c’est bien parce que l’on a peur de voir notre propre gueule dans cette glace. On préfère assumer et vomir la tristesse des autres – et du monde en général – plutôt que d’avoir à regarder en face l’inanité de notre propre – et pourtant piteuse – existence. On préfère même, à grands coups de soirées cache-misère, vomir tous les weekends et se transformer en déchet humain ambulant pour penser à ne pas penser à notre vie malheureusement dépourvue de toute passion et de toute destination. Enfin, pour pallier une volonté de suicide non assumée et pourtant bien justifiée, on passe ce qui est assimilé à une vie sur un site dont le but n’est autre que de se faire des couilles en or en mettant en relation toutes ces vies de merde dans ce monde de merde. On cultive la merde virtuelle pour ne pas penser à la merde réelle, toute cette merde m’emmerde !

Anonyme.

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